la parole source de vie

Roman;">    « La fondation de l’humanité de l’homme n’est pas liée à une substance quelconque mais à la capacité de nommer toutes les expériences auxquelles la parole l’expose »affirme Philippe REFABERoman;">.

Roman;">   A partir de cette remarque, nous pouvons établir un lien avec la mesure de réparation qui permet, par la parole, une reconstruction des expériences vécues (ici le passage à l’acte du mineur) pour en produire un acte « utile, constructif», comme le nomment les Juges.

Roman;">   Pour Armand, la mesure de réparation est l’occasion, par tous ses cheminements, de faire entendre sa parole. A partir d’elle, il peut se situer en Être responsable en assumant sa culpabilité et l’imputabilité de l’infraction commise. Dans son exposé, Frédérique LERBET-SERENIRoman;">souligne combien la mise en pratique de la Loi est de l’ordre de la parole. En effet, la Loi a une valeur structurante pour la personne dans le sens où elle nomme les interdits. Cette parole permet aux hommes de vivre ensemble, de se construire, de se parler. Elle représente donc, dans la symbolique de l’interdit, l’entre deux et fait à la fois coupure et lien dans la relation.

Roman;">    Le Juge n°Roman;">1 note que « le délit permet de prendre le temps de parler, d’analyser ce qui se joue et de trouver une réponse ». Le Juge n°Roman;">3 poursuit cette idée en « incitant le mineur à participer à l’audience, à donner sa parole ».

Roman;">     Ainsi ces juges rejoignent-ils l’appréciation du Dr Liliane DALIGAND qui précise que la Loi est la loi du langage car « elle donne place structurellement à chacun dans sa relation à chaque autre »Roman;">. A contrario, « perdre la loi, c’est perdre la parole. C’est réduire l’homme à des pulsions qui perdent leur ouverture au sensRoman;">.

Roman;">      L’exemple de Natacha, précédemment évoqué, éclaire cette pensée. En effet, entraînée par ses pulsions, ne pouvant dans une succession de passages à l’acte qu’être « hors la loi », elle perd le sens de la mesure de réparation en se perdant elle-même. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de vérifier quotidiennement que les victimes n’attendent pas toutes une réhabilitation, une reconnaissance par la peine infligée à l’auteur. Bien au contraire, elles sollicitent une parole d’excuses de l’auteur, un aveu des faits qui n’est pour elles ni plus ni moins que l’aveu de son comportement. Le Dr Daligand va même jusqu’à préciser que « cet aveu représente pour la victime une réhabilitation publique »Roman;">.

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Roman;">  Françoise DOLTO a, de même, longuement étudié les effets de la paroleRoman;">. Elle explique qu’en racontant à l’enfant sa propre histoire on peut l’aider à guérir parce qu’il a accès à la compréhension de son mal-être et peut le dépasser. Ceci est particulièrement vrai dans les mesures de réparation. Ainsi Armand, au début des entretiens, éprouve une réelle difficulté à nommer ses émotions, à exprimer ses choix. Plus la relation s’installe, plus il comprend son histoire, son chemin. Il peut alors dire « je » tout en appartenant à un ensemble. C’est aussi pouvoir rendre compte d’une réalité légale, sociale, puis psychique, comme le décrit René Kaës. Lorsque Armand écrit sa lettre d’excuses, il laisse trace de sa culpabilité transformée en un acte constructif. Il tente de réparer. Comme Pierre Legendre le définit : « la notion de culpabilité établit un pont entre l’ordre social de la normalité et l’ordre normatif du sujet »Roman;">. C’est bien ce qui pousse le Juge n°Roman;">2, lorsqu’un mineur exprime des regrets, à ordonner une mesure de réparation pour les concrétiser et pour que sa parole soit ainsi validée.

Roman;">A ce jour, nous savons que Natacha a pu cheminer au cours de son audience au tribunal pour enfant. Suite à sa confrontation avec Jennifer et à la parole de celle-ci, elle exprimera en ce lieu ses regrets, expliquera son parcours douloureux et chaotique dont depuis elle sort peu à peu. Ces moments riches de paroles et de sens offriront à Jennifer et Natacha une véritable réhabilitation.

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Roman;">   Dans l’histoire de l’Humanité la parole fait souvent office de référence absolue. D’abord exprimée, elle définissait les règles, les limites et interdits à respecter. Puis, dans la symbolique des « tables de la loi », elle s’est écrite pour édicter les lois essentielles à la vie de l’Homme, tels les interdits fondamentaux signalés précédemment. Aujourd’hui, nous sommes passés au mouvement inverse dans lequel l’écrit appuie, soutient la parole.

Roman;">    Aussi pouvons-nous souligner que la mesure de réparation est bien réparatrice grâce à l’émergence du sentiment de culpabilité qu’elle provoque et elle permet une réhabilitation du mineur et de la victime. Elle « institue la vie », selon l’expression de P. Legendre, dans cette parole responsable, reconnaissable des faits et donc, par là-même, de l’Autre. Les juges pour enfants considèrent la pratique de la mesure de réparation comme outil pour réparer, mais davantage avec leur intuition que sur une théorie démontrant sa portée et sa nature réparatrice. La culpabilité est ainsi utilisée dans son caractère structurant que pressent le Juge pour enfants. La mesure de réparation permet donc de passer de l’interdit où chaque Sujet (auteur, victime) est différencié, reconnu, à une mesure inscrite dans la Loi et où les relations nommées, parlées sont inter-dites.



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